Carole Matras : chant, lyre, harpes anciennes
Manolo González : chant, organetto
Duo Seraphîm partage ses programmes entre musique sacrée et musique profane, entre le spirituel du plain-chant et la fin’amor des troubadours. On en appelle autant au “fonds ancien” du répertoire grégorien des VIIIe – IXe siècles, qu’aux visions, aux “extases” d’Hildegard von Bingen, contemporaine des premiers grands troubadours du XIIe s.
Mais l’on invoque également les trobairitz des XIIe et XIIIe siècles, car avant tout, c’est bien la ferveur qui importe ; dans ces deux univers, il s’agit bien souvent d’honorer la femme, la domna, la fiancée, la sœur, la mère, l’amante, la Vierge !
Ici, les deux instruments, la harpe et l’organetto évoquent assurément les psalmodies du roi David, pendant que les deux voix tentent d’atteindre celles des anges, des archanges, des chérubins et des séraphins.
A l’audition de ce chant millénaire, nul doute que l’auditeur sera surpris – agréablement – étonné, extrêmement ému, bouleversé même, par la force de cette musique “romane” , qu’il sera frappé par l’extrême complexité de ses contours mélodiques, de son ornementation, mais aussi, à la fois par sa douceur et sa puissance, par la profondeur des sonorités et de la vocalité si particulière qu’il met en œuvre.
Mélismes spirituels, amoureux, invocations extatiques, nous voilà bien plongés au cœur du haut moyen âge, en présence de musiques proprement “inouïes” !
Cant de la Sibylla (extrait)
“ Al jorn del judici parra qui haura fayt servici.
Un rey vendra perpetual, del celle que hanc may non.n fon aytal ;
en carn vendra certanament, per far del segle jugament…
Au jour du Jugement [dernier], on verra qui L’aura servi.
Un roi viendra, perpétuel, du ciel, un roi comme il n’en fut jamais ;
en chair il viendra, assurément, pour juger ce monde…”